Espèces & habitats de l'estran

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Champ de blocs

Le champ de blocs est une étendue de blocs rocheux qui découvre à marée basse lors des grandes marées. Cet habitat est généralement présent en arc de cercle entre deux pointes rocheuses ou au pied des falaises. Les blocs peuvent être de différentes tailles et formes, se superposer entre-eux ou recouvrir directement le substrat sous-jacent. Les roches qui les constituent sont également de poids variable, en fonction de leur nature : généralement du granit ou du calcaire sur nos côtes. Les blocs de calcaire sont plus légers et donc plus faciles à retourner par les pêcheurs et la houle… Ces milieux aux multiples recoins abritent une grande diversité d’espèces animales et végétales. Sur l’estran rocheux, c’est certainement les milieux les plus riches et ils sont particulièrement fréquentés par les pêcheurs de crabes, de crevettes ou encore d’ormeaux.

Outre les espèces qui intéressent les pêcheurs à pied, le champ de blocs est un paradis pour l’observation naturaliste ! En prenant le temps d’observer finement le dessus et le dessous d’un bloc « en bonne santé », on peut compter près de 80 espèces différentes… Un joli bloc est généralement colonisé par des algues rouges et brunes sur le dessus, elles-mêmes abritant de petits gastéropodes brouteurs ou autres crustacés. En dessous, c’est un monde aux formes et couleurs étonnantes qui se dévoile.

Si vous avez le bonheur d’y débusquer un beau crabe, quelques bouquets ou un ormeau, prenez quelques instants pour observer le reste. Parfois, il n’y a pas un seul centimètre carré de roche qui ne soit pas colonisé ! Éponges, ascidies coloniales ou solitaires, hydraires et bryozoaires… Ces animaux primitifs, discrets et parfois très colorés tapissent les blocs. Ils sont parfois la nourriture d’autres animaux majestueux : les nudibranches ! Ces petites limaces de mer revêtent des couleurs détonantes, mais faut-il encore les repérer ! Souvent, leurs pontes en forme de rubans blancs ou colorés aident à les trouver. En espèces beaucoup plus simples à observer, on retrouve de nombreux petits crustacés comme les crabes porcellane ou les crevettes à capuchon, des vers, des oursins, des étoiles de mer comme les ophiures ou les astéries bossues…

Tout comme le reste de l’estran rocheux, c’est un milieu idéal pour s’adonner à la « pêche de découverte ». Les découvertes y sont nombreuses et chaque fois différentes !

Mais c’est également un milieu fragile, qu’il est essentiel de respecter et de préserver dans sa pratique. Des études ont démontré qu’une pierre non remise en place perd 30 % de sa biodiversité en moyenne (parfois plus) et mettra environ 3 ans à la retrouver. Un petit geste qui nous semble anodin peut donc avoir des conséquences écologiques très néfastes, surtout quand il se répète. Il est donc impératif de remettre les pierres retournées en place, telles qu’on les a trouvé. En Bretagne, c’est même une obligation réglementaire.

Depuis plusieurs années, une importante sensibilisation des pêcheurs à pied a été réalisée sur les côtes françaises, afin de préserver les champs de blocs et de rétablir des pratiques vertueuses pour ce milieu. Sur des territoires où ils étaient devenus des « déserts rocheux », ce travail a porté ses fruits et rares sont devenus les « renverseurs de blocs ».
En parallèle, un protocole scientifique a été élaboré et peu à peu adapté pour qualifier l’état écologique de ces habitats. Débuté au cours du programme Life+ Pêche à pied de loisir (entre 2014 et 2017), ce suivi se poursuit aujourd’hui grâce au projet MarHa (OFB) et déployé sur différentes façades dans le cadre de la Directive européenne Habitats Faune Flore.

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